Réglementation, actions et processus de gestion des déchets plastiques en Côte d’Ivoire, Afrique de l’Ouest
Ahou Rachel Koumi outlines regulations, actions and management process for plastic waste in Côte d’Ivoire, West Africa. Also available in English.

by Ahou Rachel Koumi

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To read this article in English, please visit: https://www.openenvironmentaldata.org/pilots/regulations-actions-and-management-process-for-plastic-waste-in-cote-divoire-west-africa-2

Les déchets plastiques qui polluent et dégradent l’environnement, les écosystèmes les cours d’eau et l’océan constitue un problème critique en Côte d’Ivoire, pays côtier d’Afrique de l’Ouest. En effet, la pression démographique est croissante dans ce pays et accompagnée d’un faible développement des infrastructures de gestion des pollutions organiques, chimiques et solides. Ainsi, une prévision de 500 000 tonnes de déchets plastiques mal gérés est annoncée en 2025 en Côte d’Ivoire.

En Côte d'Ivoire, les principaux acteurs impliqués dans la gestion des déchets plastiques sont plusieurs Ministères, Structures ou Organismes d'Etat affiliés aux Ministères, Universités, Centres et Instituts de Recherche, Entreprises Privées et Bureaux d'Études, Organisation de la Société Civile (ONG; associations) et les Conventions Internationales. Cependant, le Ministère de l’Assainissement et de la Salubrité qui a en charge la gestion et l’organisation de la collecte de tous types de déchets a pris le décret n°2013-327 du 22 mai 2013 qui interdit la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’utilisation des sachets plastiques en Côte d’Ivoire. En raison de ce décret, tous les sacs plastiques en polyéthylène basse densité ou tout autre polymère synthétique d’épaisseur inférieure à 30μm sont interdits.

Ces interdictions s’appliquent à toute industrie de production de sachets plastiques ; toute société d’importation et de commercialisation de sachets plastiques ; tout détenteur de sachets plastiques dont l’activité principale est le reconditionnement et la commercialisation de sachets plastiques ; tout détenteur final de sachets plastiques qui les sépare du produit à consommer ou à utiliser et qui détient l’emballage. Sont interdits également tout rejet de sachets plastiques dans les rues et autres lieux publics, en milieux urbain et rural, dans le réseau d’assainissement et de drainage, les plans d’eau et leurs abords ; y compris le domaine public et maritime. Cette interdiction s'applique également à toute immersion de produits solides ou liquides conditionnés dans des sachets plastiques dans les eaux maritimes, lagunaires, fluviales et lacustres et tout rejet ou abandon de sachets plastiques dans les eaux maritimes, lagunaires, fluviales et lacustres.

Diverses actions de sensibilisation et de ramassage des déchets plastiques ont été initiées par les structures étatiques, les ONG et les associations de jeunes et le secteur privé. Quelques exemples : (1) des PME recyclent les déchets plastiques en zones industrielles depuis 2005, (2) plusieurs conventions de rachat et le recyclage des déchets plastiques ont été signées par l’État, (3) les bouteilles en plastiques sont utilisées comme contenants alimentaires par la population, (4) en 2015, 19 unités de valorisation (UVD) de tous types de déchets plastiques en pavés, granulés et en tuiles ont été annoncées par l’État, (5) Africwaste a installé des sites de collecte et de valorisation des déchets plastiques dans la plus grande décharge de la capitale, (6) une plateforme de géolocalisation et de collecte des déchets plastiques a été mise en place par une Start up dénommée « Coliba », (7) en 2019, les Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), en partenariat avec l’entreprise sociale colombienne Conceptos Plasticos ont construits une usine de transformation des déchets plastiques en briques plastiques modulaires pour la construction de classes et d’écoles.

Malgré le décret d’interdiction et les multiples actions menées par les diverses parties prenantes, le Ministère de l’environnement rapporte plus de 200 000 tonnes de sachets plastiques pour une valeur de 15 milliards de FCFA produits chaque année en Côte d’Ivoire. Selon le PNUD, à ce jour, l’industrie du plastique finance 10 000 emplois formel et plus de 20 000 emplois informels en Côte d’Ivoire. L’utilisation de plastique et de sachets plastiques est de plus en plus ancrée dans les habitudes de la population avec l’usage excessif de plastique et de sachets plastiques dans les industries et secteurs de la consommation et de l’hygiène.

Les emballages et le matériel en plastique après utilisation sont rejetés dans les sacs poubelles, dans les rues, sur les plages sans aucune attitude de tri. Ces déchets se retrouvent dans les canaux d’évacuation des eaux usées, dans les décharges, les baies, les lagunes et finalement dans l’océan. AfricWaste, rapporte plus de 288 tonnes de ces déchets qui s’accumulent chaque mois dans l’environnement malgré le décret d’interdiction. Cette situation est due à la culture locale du commerce en détail, à la restauration de rue mal organisée et au fort potentiel économique du secteur du plastique en Côte d’Ivoire. Toutefois, la mise en œuvre de nouveaux projets nationaux et internationaux, privés et étatiques de grande envergure en Côte d’Ivoire traduit une volonté nationale et internationale de continuer la lutte contre la pollution des déchets plastiques. Aussi, très peu de projets sur les déchets plastiques sont portés par les scientifiques, la recherche, les laboratoires de fabrique (FabLab) et d’innovation freinant l’adoption des solutions et le succès dans leur mise en œuvre. La majorité des projets sur la pollution par les déchets plastiques sont mis en œuvre par les ministères, des structures en charge affiliées à l'État, des entreprises privées, des bureaux d'études et des organisations et conventions internationales. En effet, les financements sont internationaux et orientés dans ces structures. Les scientifiques doivent rédiger un projet et compétir pour obtenir un financement, de plus il ressort que les scientifiques ne sont pas très bien informés et sensibilisés sur ce sujet.

Pour y remédier, un atelier de réflexion co-créatif et technologiques ‘aquathon’ a été organisé en novembre 2019 sur le thème "Déchets plastiques dans l'océan" avec 30 participants provenant de 18 différentes structures (Ministères, Structures en charge affiliées à l'Etat, Université, Centre et Institution de recherche, Entreprise privée et Cabinet conseil, Organisation de la société civile, Conventions et Projets Internationaux, FabLab et Laboratoires d'innovation) ayant un lien avec ce sujet. L’aquathon était l’initiative du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de la Côte d’Ivoire et a été réalisé au Centre de Recherche Océanographique d’Abidjan. Il visait à faire émerger des projets innovants axés sur la gestion des rejets et déchets plastiques, en suscitant la création d’une communauté transdisciplinaire d’acteurs autour du sujet. L'aquathon a utilisé les outils et méthodes de l'intelligence collective et du design thinking et a effectivement permis de faire émerger en exploration pluridisciplinaire et multi-acteurs quatre prototypes d’innovation que sont :

1) "Plastic Solutions" qui propose des outils et des procédés pour réduire les rejets de plastiques dans l'environnement, proposé par des Chercheurs, des organisations de la société civile et des bureaux d'études spécialisés en pollution environnementale, innovation, énergie et changement climatique.

2) « Transfo Plastic » qui propose une unité de valorisation des déchets plastiques à partir des moyens locaux, proposé par des chercheurs et des structures affiliées à l’État spécialisées en aquaculture, logistique, environnement, technologies de l’information, communication et géographie.

3) « CETD Plastic » qui propose la création d’emplois à travers le tri des déchets plastiques, soutenue par une équipe composée de chercheurs, de membres d’organisation de la société civile et de conventions internationales spécialisées en plancton, géographie, entretien des plages, aquaculture, éducation et économie.

4) « Robot Dreamers » qui est un outil de suivi de la qualité biogéochimique des eaux, proposé par une équipe composée d’innovateurs et de chercheurs spécialisés en robotique, microbiologie, phytoplancton, pêche et hydrobiologie.

Ces prototypes de solutions doivent être approfondis, orientés et confrontés aux industriels et aux consommateurs afin de générer leur succès et leur adoption massive. Ils ont également besoin d'appuis techniques et financiers des institutions en charge de la pollution de l'environnement pour leur réalisation. La collaboration continue avec les laboratoires d'innovation, les incubateurs et la mise à disposition de fonds pour continuer à développer les projets émergents faciliteront la maturation des prototypes, le transfert de technologie, la diffusion et l'esprit d'entreprise.

La réussite de la gestion des déchets plastiques en Côte d’Ivoire nécessite impérativement l’implication de la recherche scientifique, des laboratoires d’innovation, des FabLabs et Makers, des industriels, des consommateurs et l’accession aux financements conséquents. L’adhésion des instances institutionnelles en charge de la pollution plastique aux solutions émergents de l’aquathon et leur financement permettront aux équipes multidisciplinaires et multi-acteurs de poursuivre leur mise en œuvre.

About the author: Ahou Rachel Koumi  is with the Centre de Recherches Océanologiques, Abidjan

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